i still feel like a child ▬ LOU-SIXTINE

i still need you by my side

Que la musique l’entraîne. Hugo avait cette rage de vaincre, il voulait être parfait. Mais cet enchaînement lui posait problème, et non, il n’était pas de bonne humeur. Ca faisait plus d’une heure qu’il répétait la même séquence, sans réussir à trouver la bonne adéquation pour que le tout passe en finesse. Il aurait continué toute la journée si, déjà, la porte de la salle de danse ne s’était pas ouverte sur la chorégraphe. Et Lou, avec qui elle discutait le plus simplement du monde. Il les salua vaguement, essayant une dernière fois d’enchaîner avec son piquet. Il chuta, jurant qu’il allait bien, se relevant. Eteingnant la musique avec rage, il prit quelques secondes près de la sono pour souffler : s’il voulait être efficace, il devait se calmer. Revenant vers les deux femmes, Thomas se posta sans un mot aux côtés de la danseuse. Des explications claires pour une chorégraphie complexe, il buvait ses paroles, imaginant déjà les gestes à effectuer pour les exécuter de la meilleure manière. Ils se placèrent au milieu de la salle, face aux miroirs, attendant que la musique commence. Ils s’approchaient, se jaugeaient, sans se toucher. Tension brûlante, regards intenses, il finit par poser ses mains sur ses hanches. Le rythme de son cœur s’accélérait au rythme de la musique. Tout allait vite, il connaissait ses pas, n’avait qu’à se laisser porter, jusqu’à la porter. Elle avait à peine décollé de terre qu’on leur coupait la musique. Thomas reposa Lou avec délicatesse, sans même la regarder. Non, ce n’était pas bon, il le savait. Le porté avait été trop mécanique, trop calculé, il ne voulait pas la faire tomber, elle ne voulait pas le déséquilibrer, le tout rendait mal. De nouveau, la musique venait de reprendre, et la course affolée de leurs peaux se cherchant en même temps. Et la musique, qui se coupe. Ils n’y arriveraient jamais. Ils devaient y arriver. Cette comédie avait duré plus d’une heure, intensive, sans aucun arrêt possible. Avant qu’on ne mette fin au massacre, congédiant les deux pour laisser la place à d’autre. Ces autres… ils n’avaient donc aucune idée de l’importance de la chose ? Et Lou, était-elle consciente de l’importance d’Hugo à ses yeux ? Sûrement pas, non. Et déjà, il attrapait ses affaires au vol, et se dirigeait vers la douche, toujours sans un mot.

L’eau coulait le long de son visage, et Thomas savait qu’il avait tord. Seulement toute cette histoire, ça le rendait fou. Quelques soirs auparavant, ils l’avaient dansé, cette séquence… ils avaient été parfaits, autant que le baiser qui s’en était suivi. Mais aujourd’hui, la gêne venait en travers de leur duo, et ça lui faisait mal. Mal de ce dire qu’elle ne voulait pas accepter la réalité, alors qu’ils étaient faits pour danser, ensemble. Et pour s’aimer, sûrement. Sortant de la douche et se dirigeant vers ses vêtements, il se résigna à oublier, envoyant un message à Emilie lui disant qu’il allait passer. C’était toujours comme ça, après Lou… il allait partir, mais la lumière de la scène attira son attention. Combien de fois s’était-il posé là, pensif à tout ce qui l’attendait ? Son sac sur l’épaule, il fit quelques pas dans ce lieu vide, d’une immensité telle qu’il ne le vit pas au premiers instants. Un seul projecteur illuminait le milieu de la scène, et c’est en le dépassant qu’il aperçu sa silhouette. Il allait se retourner, partir, tout simplement… mais il n’en était pas capable « On a été minables aujourd’hui… » Non, ce n’était pas ironique. C’était froid, franc et peut-être même cruel. Mais il le pensait. Il lui tournait toujours le dos, baissant légèrement la tête.

Encore une journée qui s'annonçait longue pour la jolie jeune fille. Une journée de répétition acharnée. Une journée en compagnie de sa tentation, Thomas. La jeune fille est entrée dans la salle en compagnie de la chorégraphe. La jeune fille regarde le jeune homme, déjà présent, chuter. Elle soupire. Ça va être long et pénible. Ils doivent danser ensemble. Ils n'ont pas le choix. La chorégraphe ne changera pas d'avis. Lou est la danseuse qu'il faut pour ce solo. Mais la tension est palpable. Les deux jeunes gens s'entendaient bien. Ils dansaient parfaitement ensemble. Mais depuis leur dérapage rien n'est plus pareille. Lou est froide, distante. Elle le désire mais il y a Adrien. Son âme sœur, l'homme de sa vie. Elle ne veut pas lui faire de mal et elle ne le veut surtout pas hors de sa vie. Thomas n'est qu'une tentation. Thomas est juste très charmant et elle n'est pas insensible à son charme. C'est tout. Elle ne ressent rien pour lui.
La chorégraphe lance la musique. Et c'est partit. Pendant des heures ils dansent ensemble. Et pendant des heures la chorégraphie est mécanique. Ils connaissent les pas parfaitement. Il n'y a plus d'alchimie. Ils n'osent pas. Ils ne font les pas qu'à moitié, de peur de faire ressortir des pulsions. Ils s'éloignent et malgré tout cela blesse la brune. Elle aime danser avec le blond. Elle adore passer du temps avec lui. C'est son ami. Ils s'entendent bien. Ils rigolent ensemble. Plus rien n'est comme avant. Elle savait que leur dérapage n'aurait pas du avoir lieu. Elle le savait. Cela change tout dans une relation. Au bout de plusieurs heures, la chorégraphe abandonne les deux jeunes gens. Ils reprendront l'entrainement demain. Ils ont besoin de repos, ils n'arrivent plus à rien. La jeune fille regarde Thomas s'éloigner. Elle soupire.

Elle se retrouve seule sur la scène. Elle attrape sa bouteille d'eau sucré. Adrien lui en a préparé plusieurs ce matin. Il savait qu'elle aurait une longue journée. Il a bien fait. Elle commençait à se sentir mal. Elle avale plusieurs gorgés ainsi que deux ou trois haribos. Elle a besoin de sucre. Elle veut encore danser. Elle ne pourra pas rentrer chez elle avec cette impression de défaite. Elle ne supporte pas être mauvaise. Et c'est ce qu'elle a été toute la journée. Elle a été incapable de mettre de coté sa rancœur et de danser correctement. Et elle s'en veut énormément. Elle lance la musique et elle laisse son corps bouger en rythme. Elle enchaine pas, saut et tout autre mouvement. Elle se retrouve. Elle se sent mieux. Elle danse vraiment, en y mettant du cœur, en prenant du plaisir. Elle ne pense à rien et elle n'a pas remarqué Thomas qui s'approchait de la scène. D'un coup une voix vient briser le rythme de la musique. « On a été minables aujourd’hui… ». La jeune fille arrête son tour et se retourne vers le jeune homme. Elle éteint la musique et s'assoit sur le bord de la scène. Il a raison. " Je te l'fait pas dire ! Il va falloir réglé le problème ". En disant cela, elle ne pensait pas simplement à la chorégraphie. Ils avaient besoin de parler, de mettre les choses au point. Une discussion était inévitable.

Il la voyait danser. Vraiment, là, devant lui, il voyait toute la grâce qui l’avait toujours fasciné, et qu’il n’avait pas su retrouver quelques minutes plus tôt. Elle était belle, et s’il n’avait pas eu peur de briser le moment, il serait venu la rejoindre, de la plus simple des façons. Seulement il en était incapable, pas avant qu’il n’évacue ce qu’il avait sur le cœur. Parce qu’il lui en voulait, en quelques sortes. Il lui en voulait de ne pas voir la réalité en face, de se plonger dans une illusion ridicule qui n’avait aucun sens à ses yeux. Non, décidément… il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. « Je te l'fait pas dire ! Il va falloir réglé le problème » Elle ne pouvait pas le prendre à la rigolade, lui ça ne le faisait pas rire. Pas le moins du monde. « Mais c’est toi le problème, Lou. » Il allait passer pour un salaud, il n’en avait rien à faire. Parce qu’il le pensait. Elle était un problème parce qu’elle n’arrivait pas à distinguer son métier de ses pulsions, parce qu’elle ne voulait pas admettre qu’il y avait quelque chose entre eux, qu’elle aurait dû se le mettre dans la tête ou bien la vider complètement pour pouvoir danser tout à l’heure. Alors qu’elle le méprise, pour le coup il s’en fichait éperdument. Peut-être même l’aiderait-il à réagir. « Pourquoi tu fais ici le boulot que tu aurais dû faire tout à l’heure, hein ? Pourquoi maintenant j’ai envie d’applaudir alors que tout à l’heure ça me donnait envie de pleurer. » Sens figuré, il ne pleurait jamais. Et ce n’était pas une image, il ne se souvenait pas la dernière fois qu’il avait versé une larme. Ni pour un film, ou une chanson, encore moins pour une personne ou un évènement. Mais l’idée, elle était bien là.

Non, Thomas ne savait pas qu’elle était malade. Et ça n’aurait rien changé s’il avait su. Elle avait choisi son métier, non ? Elle en connaissait les contraintes et les risques, mais à décider de saisir sa chance et de vivre pour sa passion. Oui, ca il pouvait le comprendre. Seulement lorsqu’on choisit la danse, lorsque l’on sait qu’il y a des risques, on ne joue pas avec le feu ; parce qu’à coup sûr, on se brûle. Combien de fois s’était-il cassé le petit orteil droit, bien trop fragile après que ce cheval lui ai écrasé le pied à l’âge de six ans ? A chaque fois, ça lui faisait un mal de chien, mais jamais il n’avait pensé à arrêter de danser sous prétexte qu’il y avait des risques. Alors il agissait, encore et toujours, protégeant plus que tous cette infime partie de son corps… Lou devait en faire de même. Pour ne pas tomber, en pleine répétition, elle devait prendre ses responsabilités. Et ne pas en faire pâtir les autres, surtout. Alors qu’elle ne le lui sorte pas comme excuse. A vrai dire… il n’était même pas sûr de vouloir qu’elle avance une excuse. Juste la vérité. Elle la lui devait bien.

La jeune fille regarde le jeune homme sans rien dire, attendant une réponse. Qui ne met pas longtemps à venir. « Mais c’est toi le problème, Lou. ». Elle ouvre les yeux, rond comme un ballon. Étonnée. Non, mais il est sérieux là ? Vraiment ? Elle fit un petit pas en avant avec cette envie folle de lui mettre une gifle. Non, mais pour qui se prenait-il ? Le roi du monde ? Il n'est pas danseur. Il ne comprend pas et ne comprendra jamais. Pour lui c'est facile, il ne s'exprime pas avec son corps. Lou s'exprime avec le sien. Et mêler sa vie privée avec son travail fait partie du jeu. Lui, c'est un comédien. Il est doué pour mentir, pour cacher ce qu'il ressent. Pas elle. Elle serre ses petits poing avec tant de rage qu'elle sent ses ongles s'enfoncer dans sa peau. Et le blond ne s'arrête pas là. Comme si ce qu'il venait de lui dire ne lui avait pas fait assez de mal, voila qu'il en rajoute une couche. « Pourquoi tu fais ici le boulot que tu aurais dû faire tout à l’heure, hein ? Pourquoi maintenant j’ai envie d’applaudir alors que tout à l’heure ça me donnait envie de pleurer. ». Elle le regarde avec un regard noir. Elle avance vers lui. Elle se met à sa hauteur et le regarde droit dans les yeux. Elle n'a pas confiance en elle et n'ose jamais se défendre quand on lui fait de tel réflexion. Mais aujourd'hui c'est différent. Aujourd'hui elle sent la rage bouillir dans ses veines. Aujourd'hui elle ne s'écrase pas. " Parce qu'ici je me sens bien. Sans toi. Plus libre. Sans contraintes, tu vois ? Alors désolé si je ne suis pas assez bonne danseuse pour toi, danseur amateur, il faudra faire avec. " Elle lui lance un petit sourire hypocrite et elle se retourne.

Elle fait deux pas au milieux de la scène. Et elle rallume la chaine stéréo avant de jeter la télécommande, presque dans la tête du blond. Avec une telle rage qui culmine dans son corps, elle a besoin de l'extraire. Elle a choisit ce métier. Elle l'a choisit car elle ne sait pas faire autre chose. Et puis, car elle ne le veut pas. La danse c'est toute sa vie. Avec ou sans sa maladie. Elle sait très bien gérer les deux, sans que cela ne touche à ses compétences. Ce qui l'a empêché de danser avec Thomas tout à l'heure ? C'est qu'elle ne se sent pas à l'aise. Et pour danser en duo, il faut se sentir à l'aise avec l'autre. Un danseur ne ment pas. Un danseur ne fait pas semblant. Un danseur danse en faisant naitre des émotions de ses gestes. Comme elle est en train de le faire maintenant. Elle danse avec une telle énergie. Elle fait des mouvements nets et précis. Et elle danse en regardant Thomas droit dans les yeux. Alors, c'est toujours elle le problème ?

Il voyait la haine dans ses yeux, et si ce n’était pas le cas, croyez-moi ça y ressemblait beaucoup. Elle s’était avancée si prêt qu’il pouvait sentir son souffle contre sa peau, elle, qui quelques temps auparavant avait peur de croiser son regard. « Parce qu'ici je me sens bien. Sans toi. Plus libre. Sans contraintes, tu vois ? Alors désolé si je ne suis pas assez bonne danseuse pour toi, danseur amateur, il faudra faire avec. » Ouch. S’il savait être dur, elle l’était aussi, sur plusieurs points. Le fait qu’elle soit plus libre sans lui… non, cette constante-là n’entrait pas en jeu, elle n’avait simplement plus le même discours depuis l’autre nuit. Seulement oui, ça ne faisait pas du bien de l’entendre. Mais le reste ? Non, franchement ? Amateur ? Elle se foutait de lui ? « Amateur ? Tu sais au moins qui je suis ? J’ai dansé à Moscou alors que tu étais encore sur les bancs de l’école, j’ai intégré le corps de ballet de Londres alors que tu faisais encore tes gammes ! Je suis le… » Le fils de ? Non, cette donnée-là, il ne voulait plus la donner. S’il était la aujourd’hui, c’était bien pour faire oublier qu’il était le fils de. Alors pas à elle… surtout pas à elle. Soupirant, il tourna la tête, quelques secondes, oubliant la chose. « Et désolé de te l’apprendre, mais cette choré on va bien être obligés de la faire, avec ou sans tes petits sauts d’humeur. » Déjà, elle s’éloignait de lui. Se rendait-il compte qu’il agissait comme un vrai con ? A chaque parole sortie de sa bouche, oui, seulement ce n’était que véridique. Ils n’avaient plus le choix. Et cette chorégraphie avec elle, il n’y renoncerait pour rien au monde.

La musique se lance, et elle s’élance, la narguant. Il connait ce phénomène, il a tellement de fois utilisé son art pour faire passer des messages qu’il comprend directement son intention, et ne baisse pas le regard. Envoyant valser son sac un peu plus loin, il ôta sa veste, ne quittant pas ses yeux. Avant de la rejoindre. Rien de ceci n’était prévu, cette séquence ne faisait pas partie du spectacle. Ils n’étaient plus Hugo et la danseuse, ils étaient eux, improvisant. Brutaux, secs, jamais ses pas n’avaient été si précis sans qu’il n’y pense. S’il s’approchait, elle dégageait. Le regard, tout passait dans le regard, et son corps brûlait d’en dire plus. La musique saccadait leurs mouvements, il se sentait bien. Il n’avait pas dansé comme ça depuis longtemps. Il aurait pu dire merci, s’il n’avait pas eu peur de briser l’instant, de rompre la danse avant que la musique ne le fasse. Il avait envie de l’affronter pour toujours, jusqu’à ce qu’il en meurt, si cette sensation pouvait perdurer. Mais il lui en fallait plus, se tourner autour n’avait aucun sens, il devait lui saisir le bras. La toucher, même de manière brève, même si elle refusait, contact nécessaire. Sa main, saisissant son bras, il voulait l’attirer vers lui. Dans une danse effrénée qui ne devait jamais s’arrêter.

Elle venait d'être méchante avec Thomas. Ce n'est pas son genre d'envoyer des méchanceté à la figure des gens, mais il l'avait chercher. Et quand on cherche on trouve. Mais elle le connais. Il sait qu'il lui reverra la balle aussi vite qu'elle est venue. Et elle n'a pas tord. Sa réponse ne se fait pas attendre. « Amateur ? Tu sais au moins qui je suis ? J’ai dansé à Moscou alors que tu étais encore sur les bancs de l’école, j’ai intégré le corps de ballet de Londres alors que tu faisais encore tes gammes ! Je suis le… ». Elle hoche la tête. Bien contente de l'apprendre. Il a beau avoir fait de grande chose dans la danse, il n'a pas l'air de la comprendre. Quand on danse on ne joue pas. Si lui il y arrive, tant mieux. Elle, elle n'est pas comme ça. Elle ne sait pas caché ses sentiments quand elle danse. « Et désolé de te l’apprendre, mais cette choré on va bien être obligés de la faire, avec ou sans tes petits sauts d’humeur. » " Je ne suis pas la seule à danser. Tu as aussi ta part de responsabilité dans notre échec. " Et boum. Ça c'est fait. Elle ne se laissera pas marcher sur les pieds par Thomas. Il peut lui dire ce qu'il veut, elle ne lui laissera pas avoir le dernier mot. C'est hors de question.

Et pour oublier cette tentation palpable et cette joute verbale, elle lance la musique. La danse apaise les mœurs. Enfin pas toujours. Là, elle a surtout besoin de se calmer pour ne pas le gifler. Il est tellement prétentieux et si sur de lui ! Il se croit vraiment meilleur que tout le monde et cela a le don de l'énervé. Il est comme tout le monde. Il est un jeune homme dans une troupe. Il doit savoir faire des concessions et se taire de temps en temps. Elle danse, elle se calme. Enfin elle essaye. Et elle voit enlever sa veste et la rejoindre. Il chercher vraiment la bagarre ! Il avance, elle se recul. Elle ne veut pas le toucher. Qu'il danse, qu'il fasse son show en essayant de l'impressionner. Cela ne marchera pas. Elle en a vu des danseurs, il ne l'impressionne pas. Thomas lui saisit le bras, pour la tirer vers lui. Elle en profiter pour le contourner, prendre de l'élan et faire un saut si majestueux, qu'elle s'étonne elle-même. Danser avec la rage au fond des veines lui est bénéfique finalement. La musique se calme. Les dernières notes résonnent. Lou effectue un dernier mouvement, avant de se glisser par terre pour un final. Thomas a eu la même idée. Ils se retrouvent face à face. " La prochaine fois, énerve moi avant notre duo, peut-être qu'on y arrivera mieux ". Elle se lève et saute de la scène. D'accord, il faut l'avouer, il est doué. Mais pour danser en duo il faut savoir faire attention à l'autre. Thomas en est loin.

Sadique, il pouvait l’être. Avec elle, il ne l’avait jamais été. A vrai dire, ça avait toujours été plus ou moins facile, entre eux. Les premiers échanges avaient été plus qu’agréables, et bien qu’ils ne soient pas devenus les meilleurs amis du monde, ces deux-là s’entendaient bien. Avant aujourd’hui. Avant l’autre nuit. « Je ne suis pas la seule à danser. Tu as aussi ta part de responsabilité dans notre échec. » Il ne voulait pas l’avouer, mais elle n’avait pas tort. Et on en revenait au point de départ, parce que son problème, à lui, c’était encore elle. En parti, du moins. Elle et ses lèvres qu’il n’arrivait pas à oublier, son parfum, qui l’entêtait, la douceur de sa peau, la brulure d’un regard. Il la voulait tellement que ça lui faisait mal, mal de se dire qu’elle le laissait pour un autre. Il ne veut pas l’avouer, pas encore, pas si facilement. Alors il commence à danser, avec elle, et fait sortir cette rage qui le tient depuis trop longtemps. Il danse comme il n’avait pas dansé ces derniers jours, il danse pour elle, pour eux, pour lui. Il danse parce qu’il l’aime, et qu’il ne devrait pas. Il danse avec force et rage, il danse avec grâce et agilité. Il la suit, la poursuit, lui tourne autour, elle le contourne, le surprend, le subjugue. Puis la musique baisse, et il se retrouve à terre, face à la jeune brune. Il mourrait d’envie de l’embrasser, là, sur la scène, mais déjà, elle se levait, et s’éloignait de lui. Plus que tout, plus que les mots, le geste faisait mal. « La prochaine fois, énerve moi avant notre duo, peut-être qu'on y arrivera mieux » Il a peur qu’elle s’en aille, il se relève, en vitesse. « Tu meurs d’envie de recommencer, et ça te bouffe ! » Qu’il y ait quelqu’un pour les entendre ou non, il s’en contre fiche.

Déjà, Thomas avait sauté, lui aussi, et lui faisait maintenant face. A son tour, il avait retrouvé de l’assurance face aux choses. Il ne pouvait pas effacer cette nuit, et n’en avait pas la moindre envie. Mais il était prêt à parier que ce n’était pas le cas de la danseuse. « Regardes les choses en face Lou… cette nuit-là a tout changé. Mais j’étais pas tout seul. » Parce qu’elle pourrait essayer de tout lui mettre sur le dos, il avait engendré le premier baiser, elle n’avait aucunement reculé au deuxième, avait même intensifié les troisièmes. Et ce soir, il plongeait son regard dans le sien, dans cette salle à moitié noire. Le monde n’existait plus, à présent. Ils étaient seuls dans cet univers de tension, palpable, bouillante, et elle ne pourrait pas y échapper. Il ne la laisserait pas faire. S’ils devaient continuer à danser, il préférait que ce soit ainsi que sans vie. Alors il fit un nouveau pas vers elle, se rapprochant au plus près. Elle était prise au piège entre la scène et lui, là, devant tous ces sièges. Mais personne n’était là pour les regarder, personne pour les acclamer, personne pour la sauver. Rien qu’eux deux.

Elle venait de sauter de la scène, lui lançant une dernière phrase. Elle allait partir. Elle allait retrouver l'homme de sa vie, son Adrien. Mais Thomas n'était pas de cet avis. Thomas avait sans doute d'autre idée en tête. En un rien de temps, il était devant elle. « Tu meurs d’envie de recommencer, et ça te bouffe ! ». Elle laisse échapper un petit rire. S'il savait. Lou n'est pas idiote. Elle se connait. Oui, Thomas lui plait. Oui, il est charmant et elle le désire. Oui il l'attire et quand elle est près de lui, elle a envie de gouter encore une fois à ses lèvres. Mais non, elle ne fera rien. Pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas un homme et qu'elle ne réfléchis pas avec ses organes génitales. Elle pense avec son cœur. Et dans son cœur il n'y a qu'un seul homme. Adrien. Point final. Il fallait qu'il le comprenne. Thomas ne prendra jamais sa place. « Regardes les choses en face Lou… cette nuit-là a tout changé. Mais j’étais pas tout seul. » Il a raison. Ils étaient tout les deux. Lou a perdu les pédales. Une fois. Cela ne recommencera plus. Adrien est trop important pour elle, beaucoup trop. " Tu as raison sur un point, ça a tout changé. On aurait pas du et tu le sais très bien ! "

Avant cet épisode, les deux jeunes gens s'entendaient pour le mieux. Ils y avaient une complicité qui avait vu le jour. Ils dansaient ensemble avec plaisir. Ils passaient des heures supplémentaires ensemble juste par envie, car leur duo leur faisait du bien. Ils dansaient comme jamais un autre duo chanteur/danseuse n'avait danser. Ils étaient merveilleux, somptueux. Aujourd'hui, cela n'y ressemble plus. Il y a cette rancœur qui joue contre eux. Lou s'en veut. Elle ne voulait pas que les choses changent. Elle l'apprécie beaucoup et cela lui déchire le cœur de mettre une distance pareille. Mais sans cette distance c'est son couple qui est en jeu et ça elle le supporte encore moins. Sans Adrien elle ne peut pas vivre, la différence est là. Thomas avance vers elle. Il est si près que son corps est presque collé à celui de la brune. Impossible de fuir. Il y a la scène juste dans son dos. "N'y pense même pas Thomas !" murmure-t-elle. Et même si sa voix est basse, elle est sur qu'il a entendu.

« Tu as raison sur un point, ça a tout changé. On aurait pas du et tu le sais très bien ! » Elle avait tort sur ce point, parce que pour Thomas, ça avait été une évidence, quelque chose de normal, quelque chose d’écrit. Il n’avait jamais eu l’impression de la forcer à quoi que ce soit, ni même de la mettre au pied du mur, bien qu’il soit conscient de son histoire avec Adrien. Non… il était sûr qu’ils avaient fait le bon choix en temps voulu, quitte à s’en mordre les doigts plus tard. Mais lui ne regrettait rien. Il n’était pas en couple, et la plus sérieuse relation qu’il avait en ce moment n’était autre qu’Emilie, qui, soit dit en passant, ne l’attendait pas pour flirter elle aussi à droite à gauche, alors… était-elle un flirt ? Son cœur battant alors qu’il s’approchait d’elle lui criait que non, mais il n’était pas sûr d’être en mesure de l’écouter. Pas alors qu’elle-même refusait que l’idée l’effleure. « N'y pense même pas Thomas ! »Il y pensait, pourtant, si fort que ca lui en faisait mal. Lou avait baissé les yeux, il soupira, passant son index sous le menton de la jeune femme, saisissant délicatement son menton avec son pouce pour pouvoir le relever. Il aurait pu l’embrasser, oui, elle n’avait aucune échappatoire possible, mais il voulait simplement qu’elle voit. Qu’elle le regarde dans les yeux, qu’elle apprenne à y reconnaitre la vérité d’un sentiment, encore trop flou pour être défini. Alors, il laissa retomber sa main, et resta quelques secondes à contempler ses yeux. Essayant d’y lire quelque chose… avant de se détourner.

Thomas venait de se décaler pour sauter de nouveau sur la scène. Mais il fit volte-face, il n’avait pas l’intention de partir. Posant un genou à terre pour être à sa hauteur, il lui tendit la main, tout simplement. « Je veux qu’on réessaie… s’il te plait, danse avec moi. » Il s’était adoucit, changeant. Il n’attendait qu’une chose, qu’elle saisisse sa main. Quel pouvoir avait-elle sur lui ? Il n’arrivait même plus à se reconnaitre, lui, essayant de se racheter pour quelque chose qu’il avait pu dire ? Il était hors de question de la décevoir. Et s’il devait s’entrainer toute la nuit à la faire changer d’avis sur lui, alors… il prendrait la nuit, et les suivantes, jusqu’à arriver à ses fins. Pour qu’un jour, peut-être, elle revoit celui qu’elle avait su voir, l’autre soir. Et qu’elle avait aimé…

Thomas était beaucoup trop proche de la jeune fille. Elle pouvais sentir sa peau collé contre la sienne. S'il n'y avait pas Adrien dans sa vie, elle aurait céder à la tentation depuis longtemps. mais Adrien est là et elle l'aime. Thomas doit se trouver une autre fille. Il doit déjà avoir une autre fille dans sa vie. Ce mec est un handicapé des sentiments. Elle l'a tout de suite su. Il n'y aura jamais rien de sérieux entre eux. Il n'y aura jamais rien, tout simplement. La tête de la jolie danseuse est baissée. Elle empêche un probable baiser. Mais Thomas n'est pas de cet avis. Il pose sa main sous le menton de la jeune fille et il lui relève la tête. Il la regarde droit des les yeux. Elle ne peut pas esquiver. Elle soutient son regard. Son si beau regard. Ce moment ne dure que quelques secondes, des toutes petites secondes et pourtant, elles semblaient longues. Vraiment très longues.

Thomas se décale. Elle respire. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle avait retenu son souffle. Il saute sur la scène d'un bond énergique. Il est dos à elle. Elle le sent. Il se baisse, pour être à sa hauteur. En effet, elle est beaucoup plus petite que lui d'un coup. Déjà en temps normal cela se remarque, dans cette situation, encore plus. Elle aperçoit sa main devant ses yeux. Signe, qu'il voudrait qu'elle la saisisse. Elle n'est pas sur que cela soit une bonne chose à faire. « Je veux qu’on réessaie… s’il te plait, danse avec moi. ». Après cette proposition elle doute encore plus. Elle c'est très bien comment cela à terminer la dernière fois. Elle ne veut pas tenter le diable. Et pourtant, elle attrape la main de blond et elle se hisse sur la scène à ses cotés. Elle le regarde. Elle pose ses mains sur ses hanches. " On danse, c'est tout ! Pour le spectacle. Rien de plus, c'est compris ? " Elle voulait le prévenir. Se soir ils dansent. Se soir il s'entrainent. Rien de plus, rien de moins. Ils danseront le temps qu'il faudra afin que la chorégraphie soit aussi belle qu'elle ne l'était avant l'évènement qui bouleversa tout. " T'es prêt ? ". La brune n'attend même pas sa réponse. Elle envoi un sms à Adrien pour le prévenir tout en se dirigeant vers la chaine hifi. Elle met la musique de leur chorégraphie. Elle se met en place. C'est partit !