« Dit ma mignone, tu sais que tu es plutôt bonne toi ? » lança des jeunes de la bande venant de s'installer dans le bar. « Mais c'est qu'il a raison. Sa te dirait pas de faire un petit tour aux toilettes avec nous ? » C'est avec ces paroles que la situation commença à se dégrader.
Après un regard vers moi, un clin d'œil discret sur un visage à l'air répugné au premier abord mais ensuite plus que souriant, Adrien se rapprocha de moi. Il passa un bras derrière mon épaule avant de ne venir déposer un baiser au creux de mon cou. Jouant le jeu je souriais aussi, tentant tant bien que mal de faire abstraction des regards de la fameuse bande de jeunes. Jouer le jeu d'accord, mais j'étais forcé d'avouer que ce baiser inattendu me procura une certaine vague de frisson. J'avais apprécié. Comment avais-je put apprécier le baiser "jouer" par un inconnu. Bon d'accord cela faisait au moins deux bonnes heures que nous enchainions des verres ensemble. Et puis il faisait, comme moi partie de la troupe. Si mes souvenirs étaient bon, il était danseur. Donc je me persuadais du fait que je pouvais lui faire confiance, dans la mesure où nous serons contraint de nous revoir. Et puis j'en avais envie. Je l'aimais bien. Il me plaisait. Effets causés par l'alcool ? Peut être bien mais je m'en foutais pas mal en ce moment même. « T'as raison mec. Marque bien la marchandise avant qu'on en fasse le tour. Allé poupée, avoue que tu en meurs d'envie.» D'un bond, Adrien se leva alors. Je fit de même avant de ne saisir sa main et la serrer dans la mienne. Les traits de son visage s'étaient durcies, je sentais bien ce qu'il s'apprêtait à faire. Ma main ne suffit pas à le retenir.

Inutile de préciser qu'après le coup qu'à infligé Adrien à l'un des mecs de la bande, nous nous sommes fait mettre à la porte, tout comme eux d'ailleurs. Pour dire vrai, je crois que cette petite mésaventure nous aura plus fait rire qu'autre chose puisque à peine sortis de l'établissement nous avons pouffé de rire, l'un comme l'autre. Reprenant un minimum de sérieux je le remerciais. « Merci. Mais tu n'étais pas obligé tu sais. » Sur le coup sa m'avais un peu effrayé mais maintenant j'en souriais. C'était bien là, la première fois qu'on prenait ainsi ma défense. « Dit moi, tu loges à l'hôtel où la plupart d'entre nous sommes où ailleurs ? Car je t'avoue que faire le chemin seule en risquant de les retrouver ne m'emballe pas vraiment.» avouais-je un peu gêné. Ce que j'avais avancé n'était que pure vérité mais je m'abstenais bien d'ajouter que je n'avais pas envie de le quitter. Pas déjà. Cela faisait bien longtemps que mine de rien, je ne m'étais pas distraite de cette façon là.

" Je sais. Mais cela valait le coup. " Voilà ce qu'avait trouvé le beau brun à me répondre après mes remerciements. Il avait prononcé ces mots sur un ton tellement neutre, que s'en était presque déstabilisant. Dit autrement, j'aurais put le prendre d'une certaine manière? D'ailleurs je le prenais comment ? Aucune idée à vrai dire. Tout était un peu confus dans ma tête, pour ne pas dire flou. Et puis j'avais pas envie de ma la prendre la tête justement. Il m'avait aidé. Point barre. En guise de réponse, je lui souriais simplement de plus belle.
Aïe. J'avais la vague impression d'avoir fait une bourde en lui posant ma petite question. Ben oui, son sourire se dissipa légèrement. Même si je voyais bien qu'il tentait de le masquer, faut pas me prendre pour une cruche non plus. " Non, j'ai un appartement que je partage avec un fantôme. Et j'ai la nuit devant moi alors, je veux bien te raccompagner si tu veux rentrer. " Nous y voilà. Il semblait avoir des problèmes de couple. Ceci expliquait le pourquoi du comment. Ou plutôt le pourquoi du comment on était tombé l'un sur l'autre en voulant se mettre à l'écart pour broyer du noir.

Il n'avait pas l'air de vouloir rentrer chez lui. Tant mieux je n'avais pas envie que la soirée s'arrête déjà. Mais je me devais de faire attention à ce que je racontais. Nous avions mis un point d'honneur à ne pas aborder notre vie et surtout ce qui nous tracasse. « C'est partie alors ! » lançais-je passant un bars sous le sien et l'entrainant déjà. De toute façon, l'hôtel n'était qu'à quelques pas d'ici. Frôlant que très légèrement son torse, je pouvais me rendre compte que ma vision ne semblait pas si mauvaise. Ben ouais. C'est en sortant du bar que je me suis rendu compte qu'Adrien avait l'air battit comme un Dieu. Qu'elle idée de porter un pareil tee-shirt sous sa veste aussi. Quelle idée de porter une veste d'ailleurs. Et même un tee-shirt. Oh, on se calme ma fille.

Mine de rien, j'avais pas mal fait d'attraper le bras du danseur car j'avais quand même un peu de mal à marcher convenablement. Pas que je sois ivre morte non plus, mais j'avais du mal avec mes yeux surtout. « Dit moi, tu danses depuis combien de temps ? » Ben oui. Ne pas parler de nous d'accord, mais y a un minimum quand même. « Non, parce que je suis curieuse de savoir le temps qu'il faut pour avoir un corps pareil. » Continuais-je comme si de rien était. Où était bien passé Lilya, je vous le demande. On aurait presque dit l'un de ces types du bar. Pathétique. Je me pinçais la lèvre inférieur avant de ne relever la tête vers lui.

Suite à ma question mais surtout à ma remarque, je suppose, je décelais un sourire sur le visage du beau brun avec lequel je me trouvais toujours bras dessus, bras dessous à marcher dans les rues de Paris. Je savais que l'hôtel où je logeais n'était pas loin du tout du bar où nous étions un peu plus tôt mais...je galérais légèrement. Pour tout dire je n'étais plus sûr de rien. Et c'était loin de me stresser, comme cela aurait été le cas en temps normal. " Eh bien je danse depuis que j'ai environ dix ans.. et j'en ai vingt cinq. " me répondit Adrien. Deux information dans une réponse. Voulu ? Il était plus âgé que moi. Je l'avais deviné dès le départ. 15 ans de danse donc. Oui, j'arrivais encore à calculer. Stoppant notre marche, il se mit à tâter mes hanches et me chatouiller me demandant : " Et toi, tu fais du sport pour avoir un corps si mince ou tu ne manges pas peut-être ? " Chatouilleuse comme pas possible, je tentais de reprendre mon sérieux. Il est vrai que je suis loin d'être grosse et que j'avais la chance d'avoir de longues jambes. La remarque sur le fait de ne pas manger, aurait peut être blessée certaine personne mais pas moi. Loin de là. " J'avoue que le sport et moi sommes loin d'être amis. Et si, je mange mais je préfère la qualité à la quantité et je suis fan des légumes et du poisson. " Mais qu'est ce que je racontais. Il s'en foutait et il y avait de quoi.

Reconnaissant soudainement la rue, ayant comme un flash je lui saisissais la main et l'entrainais une nouvelle fois. " On est arrivé. Juste après le croisement, l'hôtel est là. " Frôlant un pas de course, je l'entrainais sans vraiment lui demander son avis. Avais-je soudainement envie de faire prendre fin à notre soirée. Non. J'avais une idée. Je lui en faisait pars sans attendre. " Je te préviens hors de question, que je te laisse partir comme ça. Je t'offre un dernier verre avant." Bon d'accord, de nature discrète, je me voyais mal prendre un verre avec lui au bar de l'hôtel où une bonne partie de la troupe, mais j'avais dans ma chambre un mini bar. Pas besoin de l'en informer, il verra bien par lui même. Nous étions finalement arrivé devant l'hôtel. Mine de rien, j'étais presque essoufflé par cette marche que j'avais voulue accélérée. Me rappelant que je n'avais pas relevé sa réponse un peu plus tôt, je lui répondais avec un wagon de retard. Maladivement étourdie au quotidien, ce soir ce défaut semblait être multiplié. " Au fait, moi j'en ai 20. Des années. Et...ces quinze ans t'ont réussi si je peux me permettre. "