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ERWAN ALIX DELACOUR

Spoiler:

Assis sur mon lit, j'ouvris mon journal intime, celui qui datait de mon enfance. En faisant le ménage de mon garde-robe, j'avais retrouvé une boite contenant certains souvenirs de mon passé. Lorsque j'avais trouvé mon ancien journal, j'avais passé doucement ma main sur la couverture de cuir, appréhendant déjà tout les secrets que j'y avais transcrit jadis. Je commençai à lire un passage...

« Le 27 septembre 1998,
Salut cher compagnon fidel, le seul que j'ai toujours eu et que j'aurai jusqu'à la fin de ma vie, tu sais certainement pourquoi je t'écris, bah oui ! Pour la même raison qu'à chaque fois que j'ouvre tes pages. Comme je n'ai personne d'autre à qui parler, et bien c'est à toi que je vais me confier... »

Relevant légèrement les yeux de mon journal j'affichai un air amusé. Lorsque j'étais plus jeune, j'étais comment dire, stupide ? Je croyais que jamais personne ne voudrait de moi car j'aimais danser, chanter et écouter de la musique classique.. M'arrêtant à mes réflexions, je retournai mes yeux sur les pages noirçies de mes mots et continuai à lire.

« ...Aujourd'hui encore, Florian et Mathéo ont rient de moi à cause de la musique que j'écoutais. J'écoutais Bach avec mon lecteur CD, j'étais au toilette et sans que je m'en aperçoives, Mathéo et Florian sont entré après moi. En sortant de la cabine, ils ont arraché les écouteurs de mes oreilles et m'ont poussé vers la toilette. Ils m'ont imité en train de danser du ballet puis ils m'ont entré la tête dans la toilette. Ils m'ont traité de gay puis sont parties en claquant la porte derrière eux. Leurs rires résonnent encore dans ma tête... »

Je cessai de lire, contemplant tout simplement la page. À certain endroit elle était fripée par les larmes qui y avaient coulées, quelque 13 ans plus tôt. J'avais le cœur gros. J'avais appris à vivre avec mon passé qui avait été difficile. En grandissant je m'étais forgé une carapace et je croyais jusqu'à ce jour que plus rien ne pourrait me faire mal. Mais en relisant ces quelques lignes, je réalisais que les blessures de mon passé ne s'étaient pas entièrement cicatrisées, que certaines restaient béantes et que d'autres, se forçaient à guérir. Je tournai plusieurs pages, avançant dans le temps, jusqu’aux toutes dernières pages, celles de mon adolescence.

« Le 5 Avril 2005,
Salut très cher compagnon fidel, aujourd'hui sera probablement la toute dernière journée que tu entendra parler de moi. J'arrive à tes toutes dernières pages et je n'ai pas l'intention de m'acheter un nouveau journal prochainement. J'estime maintenant être assez âgé pour rêgler mes problèmes moi-même sans devoir venir t'écrire pour me confier. Mais avant de te quitter, j'ai décidé de te confier une toute dernière chose. Ce matin, en arrivant au lycée, je suis aller dans la salle de danse pour ma pratique pour le spectacle de la semaine prochaine et comme toujours, Mathéo et Florian s'en sont apperçut et ils m'ont réservé une de leurs fameuses surprises. En sortant de la salle de danse, après mon entrainement, ils m'attendaient derrière les portes, deux pots de peinture rouge à la main. Ils me les ont lancé en plein visage, me recouvrant de peinture de la tête au pieds. Après des années à encaisser les coups sans rien dire, j'ai agis. Tu dois me croire cher compagnon, j'étais complètement hors de moi et incomtrôlable, je leur es sauté dessus et j'ai frappé jusqu'à avoir les jointures en sang. Je ne peux pas dire que j'en suis très fier, mais au moins j'ai l'impression que j'en porte moins lourd sur les épaules. Me battre m'a fait un grand bien. On peux dire que j'ai fait comprendre à Florian et Mathéo que je n'étais pas gay et qu'au contraire j'étais capable de me servir de mes poing. Voila ce que je voulais te dire. Je trouve que c'est pas mal comme dernière confession. J'espere que tu me pardonnera un jour de t'abandonner ainsi. Merci d'avoir été présent pour moi durant les dernières années. EAD. »

Je refermai mon journal et le serrai contre moi. Fermant lentement les yeux, je revis cette journée où j'avais laissé mes sentiments me dominer, où je m'étais battu pour la toute première fois de ma vie, malheureusement, ça n'avait pas été la dernière. À cause de ces nombreuses années où j'avais refoulé mes sentiments, aujourd'hui j'avais de la difficulté à garder ma colère ou ma tristesse pour moi. J'étais devenu bagarreur, mais surtout quand on me provoquais. Une idée germa en moi. Je trouvai quelques feuilles et un crayon et m'installai confortablement à la table. Je commençai à écrire, à relater tout les événements importants des dernières années.

« Le 27 février 2011,
Bonsoir très cher compagnon fidel ! Te souviens-tu de moi? Eh bien oui, après 13 années d'absence, je reviens. Je m'étais dis que j'arrêtais d'écrire à un journal car ça faisait un peu trop fille, mais aujourd'hui, j'ai été envahit par le besoin de me confier un peu. Il me semble que ça fait une éternité que je ne me suis pas confié à toi, tu as manqué beaucoup trop d'événements importants pour moi. Tout d'abord, je suis toujours le petit garçon que tu as connu auparavant. J'ai grandis, oui, mais je suis devenu aussi beaucoup plus fort, ne me laissant plus démolire par des insultes insignifiantes. Tu sais, le rêve que je chérissais autrefois? Eh bien, il s'est partiellement réalisé ! Moi qui es toujours voulu être chanteur et danseur dans une comédie musical, voilà que je m'étais déniché un rôle de doublure dans une comédie musicale. Bon je sais, tu va me dire que c'est très peu pour la l'ampleur de mon talent, mais pour le moment, c'est tout ce que j'ai. Comme tout le monde, je commence en bas de l'échelle. C'est certain que j'aurais aimé avoir un vrai rôle, mais je ne dois pas me pleindre. Parfois je me décourage, parce que je me dis que j'ai traversé beaucoup d'événements difficiles, que j'ai travaillé très fort pour en arrivé là, mais que malheureusement personne ne semble reconnaitre mon talent à sa juste valeur. La seule personne qui m'encourage et qui m'aide à persévérer est Birdie, ma femme. Je l'ai rencontré il y a de cela 3 ans, alors que j'étais en voyage à Washington. J'avais été invité par la reine, à chanter pour elle. C'est au États-unies que je tombai amoureux d'elle. Je la fréquentai durant tout le long de mon séjour là bas. Mais malheureusement comme toujours, le moment de retourner à la maison vint, et pour moi, il n'était pas question que je quitte Birdie. Alors je lui demandai de partir avec moi. Elle accepta. Je l'aidai à se trouver un travail et depuis ce jour, nous sommes très heureux. Il y a deux mois, j'ai fais la grande demande. Au bord des larmes, elle a acceptée. Depuis ce jour, je suis l'homme le plus heureux du monde. Tu sais cher compagnon, j'ai toujours cru que jamais personne ne voudrait de moi, mais je me suis trompé. En repensant à tout les tours qu'ont m'avais joué étant encore qu'un enfant, je réalise aujourd'hui que j'étais peut-être tout simplement trop mature pour les autres enfants de mon âge. Il y a une chose dont je suis complètement certain, et c'est que je suis probablement le seul enfant qui a vu son rêve se réaliser. Sur ce très cher compagnon, je te dis un aurevoir rempli de gratitude à ton égard, pour toutes ces années où tu m'as écouté sans chialer. EAD »

Je déposai mon crayon sur la table et contemplai la feuille noirçie par mes mots. Je la pliai soigneusement en deux et me levai pour retourner dans la chambre à coucher pour prendre mon journal. Avant de glisser ma feuille entre celles du journal, je m'assoyai sur mon lit et observai un dernière fois la feuille qui contenait mes nouvelles confidences. J'ouvris tranquillement la couverture de cuir et y glissai l'oeuvre de mes pensés. Refermant le journal je le déposai dans la boîte que j'avais retrouvée plus tôt et aller la rangé soigneusement dans mon garde-robe. Je refermai la porte et allai me glisser sous les couvertures pour dormir, attendant que Birdie revienne de son boulot.