☛ Lien du personnage :
Ca faisait cinq ans que je connaissais Cailin. La première chose qu’a fait Isleen lorsqu’on s’est mis ensemble, ça a été de me présenter à sa petite sœur qu’elle adorait tant. Cailin était tout pour elle. Et j’avoue, j’ai carrément accroché avec sa petite bouille, les petites fossettes qui se dessinaient sur le creux de ses joues lorsqu’elle souriait. Je la considérais comme une petite sœur, celle d’Isleen qu’il fallait absolument protéger. D’ailleurs, c’est ce que je faisais ; à chaque fois qu’on venait l’embêter, elle se confiait à moi et j’agissais comme un grand frère protecteur, pour ne plus qu’elle ait d’ennuis. Ou encore, il m’arrivait de la réconforter en la prenant dans mes bras, ou en lui faisant des petites blagues sympathiques, pour la faire sourire. Isleen était ravie de savoir que je m’entendais très bien avec sa frangine et j’étais content aussi !

En cinq ans, on a pu se rapprocher, devenir de bons amis. Du moins, c’est ce que j’ai toujours pensé. On passait parfois des soirées ensemble, à se regarder un film, ou à discuter, lorsqu’elle en avait besoin. Je n’ai jamais compris avant le jour où l’on est resté dans cet ascenseur, pour quelle raison elle venait très facilement vers moi. Si j’avais su, je crois que j’aurais certainement pris mes distances. Parce que, pour moi, il n’y avait aucune ambiguïté, mais pour Cailin, c’était autrement.

Je n’avais pas vu venir ce jour-là, où nous étions resté coincé, ensemble, dans cette machine. Ca faisait bien dix minutes que l’ascenseur était bloqué et que j’étais coincé à l’intérieur, dans le noir, avec Cailin. Celle-ci commençait à paniquer, à bouger dans tous les sens, pas du tout rassurée. Ne me doutant pas de ce qui allait se passer, j’avais posé mes mains sur ses épaules et, malgré le noir, tentait de lui faire sentir que je la scrutais du regard. « Tout va bien se passer, ce n’est qu’une petite panne. Arrête de bouger comme ça. » Mes mains frottaient ses épaules, ses bras, pour la rassurer, et d’un coup, la jeune fille me sortait quelques mots que je n’avais pas vu venir. « Pourquoi elle ? » Sur le moment, je ne comprenais pas et ne répondais rien, mais quand je sentis ses lèvres se poser soudainement sur les miennes, je compris ce qu’elle voulait dire. Pourquoi Isleen. Figé sur place, sans lui rendre le baiser, j’écarquillais les yeux, avant de me reculer, mal à l’aise. « Qu’est-ce qui te prends ? » Même si je n’avais rien fait, si je ne lui avais pas rendu son baiser, je me sentais coupable vis-à-vis d’Isleen avec qui j’étais en couple depuis plusieurs annéesi. « Je suis désolé Cailin, que tu ais pu croire qu’entre nous ça pouvait être possible, mais… J’aime ta sœur. Je vais d’ailleurs la demander en mariage ! » Nerveux, je posais ma main sur mon visage et faisais quelques pas dans la cabine, avant d’appuyer comme un taré sur le bouton d’appel. « Tu vas la demander en mariage ? » Désespéré, je sortis mon portable de ma poche afin de voir si celui-ci avait du réseau, ce qui fut le cas. « Oui ! Enfin, Cailin, t’as cru quoi ?! Que j’étais avec elle depuis cinq ans pour jouer avec ses sentiments ?! Tu me connais mal ! Maintenant, s’il te plaît, laisse-moi que je passe mon appel ! » Avais-je dit, angoissé, mal à l’aise. Je lui en voulais de faire ça à sa sœur, de me faire ça à moi, mais quelque part, je me disais que je l’avais cherché ; je n’aurais pas du être aussi tactile en la prenant dans mes bras lorsque ça n’allait pas, ou… Je n’en sais trop rien en fait. Cailin était torturée à l’époque et je ne pouvais pas lui en vouloir indéfiniment de s’être égarée.

Pour protéger sa relation avec Isleen, j’avais fait l’erreur de ne rien dire. Elle, en revanche, elle avait agi de manière autre, extrême. Au lieu de dire la vérité à sa sœur, pour je ne sais quelle raison – La jalousie ? La frustration ? – la demoiselle a été inventé n’importe quoi, des horreurs, une histoire de viol. Si ça se trouve, c’était le cas, il y avait bien eu quelque chose de ce style là dans sa vie, mais en tout cas, ce n’était pas moi le fautif ! Enfin, suite à ça, Isleen se retournait contre moi, défendant sa sœur, déçue d’un comportement que je n’avais pu faire. Cailin ne cessait de rester sur sa version et cette histoire allait plus loin qu’elle n’aurait pu le penser. Une plainte de déposée, un jugement, me rendant coupable de quelque chose que je n’avais pas commis.

Au bout d’un an de prison, un livre sortait en librairie, forçant la justice à refaire son enquête ; ce livre témoignait en ma faveur, avouant la vérité de ce mensonge. Je ne l’ai pas lu et je suis sûr qu’il y a de nombreuses réponses à mes questions, mais pour le moment, je ne suis pas prêt à revivre tout ça.