Nichole Adèle Peyltier, tu n’iras nul part tant que tu vivras sous mon toit ! Est-ce que je me suis faite comprendre ? L’intéressée leva les yeux au ciel sans prendre le temps de répondre à sa génitrice. Du haut de ses dix-sept ans, elle sentait son naturel esprit de rebelle reprendre le dessus sur son self-control. C’était un samedi soir, soir de fête normalement. Il fallait avouer qu’Adèle n’avait pas fait grand chose pour mériter sa sortie, mais quand même. Sur les avertissements de sa mère, la demoiselle avait pratiquement arrêté de fumer et ses notes étaient remontées. Et si je pars de sous ton toit ? Provocatrice, l’adolescente plissa les yeux et se pinça les lèvres, en signe de défiance. Mme Peyltier serra l'éponge pleine de savon qu'elle tenait entre ses mains, puis fit mine de reprendre son activité, la vaisselle. Sans lever les yeux vers sa fille qui se tenait debout, adossée contre la porte de la cuisine, elle soupira. Ah oui, et on peut savoir où tu veux aller ? Bah, chez papa. Aussitôt dit, aussitôt regretté. Adèle remercia le ciel que sa mère ne tienne pas un verre, mais toujours cette même éponge. C'était la provocation de trop, et même sans poser son regard sur elle, la jeune fille l'avait bien comprit. C'était un silence de glace qui régnait désormais dans la petite pièce.. Tu es libre de partir quand tu veux, Adèle. Les deux femmes savaient pertinemment que la plus jeune n'irait nul part, pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait pas la voir. Enfin, il ne le lui avait pas dit explicitement, mais ses lapins posés à nombreuses reprises parlaient d'eux-mêmes. Il n'avait d'ailleurs pas reconnu sa fille, préférant refaire sa vie ailleurs. Depuis toujours donc, elles vivaient seules dans leur trois pièces. La mère se débrouillait comme elle pouvait pour subvenir aux besoins de sa seule fille, étant une simple aide-soignante. Tout d'un coup, la fameuse fête où elle voulait aller ne comptait plus que pour du beurre. Elle regrettait d'être allée si loin dans ses propos, mais la fierté l'emportait. Incapable de s'excuser, elle tourna les talons et se fit oublier pour le reste de la soirée.

Hey.. Excuse-moi de te déranger, ça fait quelques minutes que je t'observe.. Tu t'es maquillée toute seule ? Adèle fut sortie de ses rêveries par une voix qui lui était totalement inconnue. Clope à la main, elle tira une taffe avant de se retourner doucement vers la personne qui lui avait adressé la parole. Elle était sortie, le temps de sa pause. Elle avait réussi à dégoter un job de vendeuse dans une célèbre boutique de vêtements qui lui permettait de vivre plus ou moins décemment. N'ayant écouté que d'une oreille ce qui lui avait été dit, la jeune femme fronça les sourcils et prit un air faussement désolé. Excuse-moi, tu veux quoi ? Après tout, si cette personne se bornait à rester à côté d'elle c'était sûrement quelque chose, alors autant le lui demander. Heu.. Rien.. Je te demandais juste si tu t'étais maquillée seule, j'adore les couleurs et puis c'est très bien fait. Adèle haussa les sourcils, perplexe. Etait-ce une nouvelle technique de drague ? Car si oui, elle n'était aucunement intéressée, les binoclards ça n'était pas franchement son truc. De plus, elle était plus ou moins en couple avec un homme, même si cela restait un détail. Merci. Les compliments n'étaient sans doute pas ce qui manquait dans la vie de la jeune femme. Consciente de de sa beauté, elle avait également l'habitude qu'on la lui fasse remarquer. Bien que cela puisse paraître hautain, ces compliments la lassaient parfois car ils étaient souvent accompagné de gestes ou paroles déplacés. Pensant s'adresser à un admirateur de plus, Adèle ne prit pas la peine de chercher à faire la conversation, et puis sa pause était fini. Je suis chargée de recruter du personnel pour une comédie musicale.. Tiens je te laisse ma carte. Alors qu'elle avait fermé les yeux pendant quelques instants, profitant du calme, la jeune femme les rouvrit instantanément. Comédie musicale ? Afin de vérifier que tout ce ci n'était pas une blague, elle se redressa et regarda aux alentours. tout semblait normal, et à priopri ça n'était pas un gag vidéo. Puis elle contempla le binoclard qui sembla moins binoclard d'un coup. Il avait l'air sérieux, ce qui la rendit perplexe. Il lui tendit sa carte, et lui fit un clin d'oeil avant de s'en aller sans un mot. Soucieuse de savoir exactement de quoi il parlait, Adèle le héla. Eh ! Tu veux dire comédie musicale, comédie musicale ? Il se retourna et hôcha la tête en guise de réponse. C'est ça, réfléchis bien. Je suis sûr que tu as beaucoup de talent.