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ELYAN CALIXTE JOHANSON

« Que ce que je fou ici .. » Je pousse un soupire, je suis assis sur une chaise. Face à moi, se dresse un bureau et une chaise vide. Le psychologue n'est pas encore là mais ça me rend déjà malade à l'idée de lui parler de ma vie. Pourtant mon frère à insisté pour que j'y aille et comme un idiot j'y suis allé. Ouvrir de vieilles plaies qui n'étaient déjà pas cicatrisés. Je grimace, ça me gonfle d'avance mais j'ai promis à Luke que je le ferais. Je l'ai juré. Que ce que je peut être .. Con des fois, ça m'apprendras à promettre. Je roule des yeux et fixe le plafond, bien trop blanc pour moi ça agresse les yeux. Jusqu'à ce que j'entende une porte grincer. C'est surement le psychologue. J'hausse les sourcils puis en baissant ma tête je le vois face à moi,c'est un mec .. Il doit avoir la quarantaine, une barbiche et des lunettes sur le nez. Un stylo en main et une feuille posée sur le bureau. Je souris d'une manière sarcastique, je hais les psychologues. Pour moi c'est juste une bonne façon de soutirer du fric à des pauvres gens. Soit, je croise mes bras sur mon torse, affalé presque sur ma chaise. Je le fixe, perplexe. « Bien monsieur Johanson. On va y aller en douceur .. » J'esquisse un rire sec en coin de lèvre. Ouais cours toujours ! Si tu crois que je vais tout te raconter, Luke tu serais là en face de moi je te mettrais une sacré paire de gifle. J'ai envie de sortir, j'ai besoin d'air. Mais, maintenant c'est trop tard, j'y suis et maintenant pour une heure à parler de personne d'autre que moi .. Et mes séquelles. « Parlez moi de votre enfance. » Ou le truc qu'il ne fallait pas, ce mec se prend pour dieu. J'vais avoir du mal à tout lui dire en pleine tronche, faut dire que je suis pas du genre à parler de moi tout le temps .. Seul mon frère aîné connait tout de moi, les autres ? Que des broutilles. Je pose alors mes coudes sur le bords de la table, le fixe d'un air neutre. « J'ai pas eu d'enfance. » Tout à coup, le psychologue fronce ses sourcils. Bon ok, je croyais pas que j'allais tout dire mais là .. J'ai pas vraiment le choix, Luke m'a payé pour une heure et de ce que je sais ça lui a coûté la peau des fesses. De toute façon, si je ne dit rien il va me hurler dessus. Malgré tout, à cette phrase je sens mon buste se compresser sur mon coeur. C'est partit pour un tour. Elyan, tu vas souffrir mon vieux. « Pas d'enfance ? C'est à dire ? » Je pousse un soupire avant de fixer le mur face à moi, j'ai pas envie de le regarder, j'ai pas envie de voir ses yeux qui vont vite montrer de la pitié à mon égard. Je passe alors ma main sur ma nuque avant de la gratter d'une manière nerveuse. « Mon enfance, j'l'ai passée dans la peur, dans la honte, dans le dégout. Me dites même pas que c'est le genre d'enfance dont tout l'monde rêve. Non, contrairement aux autres gosses je vivais dans la crainte de mourir chaque jours. Luke mon frère, ma mère et moi .. On a vécu un enfer, jusqu'à mes douze ans. » J'ai un noeud dans la gorge, un noeud dans le ventre. Je supporte pas parler de mon enfance, j'aime pas ouvrir de vieilles plaies qui étaient censés être refermées. Je déglutis, je fixe le mur sans relâche. Je veux pas voir son visage, son regard, tout. Je l'entends juste écrire sur son papier et je sens son regard pesant sur moi. « A ma naissance, tout était encore bien. On vivait comme une famille .. Normale. Mon père avait sa propre boîte, il avait une femme, deux gosses dont moi dedans. Y'avait rien à redire, rien du tout. Mon frère et moi, ont étaient juste comblés. Notre père nous payait tout, j'ai appris la guitare à l'âge de six ans. » Je marque une pause avant de sourire presque niaisement. « Le paradis. Tout du moins .. J'crois que ça a dégénéré le jour où sa boîte à fait faillite. Ouais, j'en suis même sûr. » Je ferme mes yeux l'espace d'un instant, pinçant ma lèvre inférieure. Au fur et à mesure que je parle, ça deviens de plus en plus douloureux, de plus en plus dure à dire .. Mais j'ai pas l'choix, j'ai pas le choix. La machine est lancée, et maintenant, je ne peux plus m'arrêter. Luke heureusement que t'es mon frère, j'aurais jamais fait ça. « Que c'est-il passé ? »

« Il a commencé à boire. Au départ c'était minime, mais au fil du temps, c'est devenu de pire en pire. On avait plus rien, y'avait plus que ma mère qui bossait pour le compte de la maison. Ce vieux chien galeux passait sa journée sur le canapé à regarder la télé, il faisait plus rien. » Je pousse un soupire à nouveau avant de passer une main dans mes cheveux frisés. Je regarde alors le psychologue, qui lui continue d'écrire sur sa feuille, hochant ma tête sous mes paroles. Maintenant, j'vais devoir aborder un sujet plus .. Sensible, un sujet qui peut me faire pleurer, un sujet qui peut me rendre dingue. Le sujet qu'était mon très cher père. « J'ai toujours été un gosse assez turbulent, limite hyper actif, c'est toujours le cas à ces jours. J'savais que j'étais une petite teigne mais mon père me l'a bien fait comprendre le jour où il m'as foutu au sol et à peine j'ai eu le temps de dire ouf qu'il me mettait une paire de claque, enfin une paire .. J'comptais même pas. » Je mord ma lèvre inférieure, je me remémore ce moment et j'en ai de désagréables frissons tout le long de mon corps. Les coups qu'il a put me donner ce jour là, au fil du temps ont été de pire en pire, du sol au plafond, du mur à un meuble, mon frère et moi étions traités comme des déchets de la société. Je secoue alors ma tête. « Votre mère savait ? » J'hoche simplement la tête avant de me mettre à tapoter du pieds, un simple geste nerveux. Je déteste parler de mon enfance, parler de mes souffrances, parler de cette chose qui m'avait servie de père. Cette chose qui m'avait brisé, qui avait brisé mon enfance. « Ouais, c'était aussi le souffre douleur. Au départ, c'était des claques mais au fur et à mesure mon frère et moi on s'en prenaient plein la tronche. Poussés contre le mur, des claques à tout va, un coup d'poing par ci .. Par là. Ont arrivaient à l'école couverts de bleus, mais .. Ont disaient que c'était une cascade dans l'escalier. » Le cliché de l'enfant battu qui raconte qu'il est tombé dans l'escalier, pourtant on avait pas spécialement le choix. J'voulais pas perdre ma mère, et mon père je l'aimais, j'étais trop jeune pour pouvoir le haïr. Je déglutis un instant avant de sentir mon coeur claquer contre ma poitrine. C'est douloureux, ça pique, ça me rend fou. Ma respiration commence à se bloquer au fur et à mesure, j'ai l'impression de tout revivre en quelques secondes, tout ça. J'en ai mal, mal partout. « Combien de temps tout cela à duré ? » Un air alors réfléchis au visage, je pose un doigt sur mon menton. Je sais même plus, à mes yeux enfant c'était une éternité jusqu'à ce qu'il parte, loin de nous, loin de notre vie. « A mes huit ans ça a commencé, ça c'est arrêté quand j'avais douze ans. Quatre longues années interminables. On s'en est sortit grâce à ma mère, ouais .. Ont a désertés du jour au lendemain. Chez une tante qui habitait Paris, y'avais bien le contraste entre Londres et Paris, ont a dû apprendre le français. Mais avant ça, elle l'a dénoncé à la police .. Elle en pouvait plus de nous voir dans un état pareil moi et mon frère, plus que deux p'tits corps pétés en deux. » Quand j'y pense, j'ai eu de la chance d'être encore en vie. Je n'ai pas de séquelles au niveau du corps, mais mentalement je reste .. Perplexe. Dés qu'on lève une main sur moi, je fuis, comme un lapin qui détale. De désagréables frissons parcourent alors mon corps et je fixe alors le psychologue face à moi. « Et comment c'est passé la suite ?» J'hausse mes sourcils sous sa parole avant de regarder la fenêtre, il fait beau dehors. J'pense que après cet entretien enfin finis j'vais aller en ville avec mon frère, j'sais pas. Enfin soit, je m'éloigne là ! Je secoue ma tête avant de sourire d'une manière légère. « Ont a pleinement vécus notre adolescence. Difficilement sur les débuts, mais je me suis remis à la guitare, c'est ma passion. A ces jours j'suis guitariste dans un orchestre pour une comédie musicale, mon frère à suivit la même voie. Sauf que lui c'est le chant, il est sur la scène. » Mon sourire s'agrandit, cet idiot lui est sur scène et bon dieu je suis heureux de le voir jouer face à moi. J'inspire longuement et le psychologue m'adresse un sourire, il se redresse. A mon tour je me redresse. « Bien, nous avons finis .. Comptez vous revenir ? » J'éclate de rire avant de lui serrer la main, je me recule et la main posée sur le poignet de la porte, je tourne simplement ma tête et lui ajoute tout sourire. « Compte même pas sur ça Doc' ! » Je n'ai aucune finesse, je n'en ai jamais eu. Maintenant sortit, je sais que Luke ne pourras pas se plaindre parce que oui je le sais, une autre personne connait ma vie à deux balles, une autre personne sait que je suis un pauvre gosse à plaindre.

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