☛ Thomas J. Stavinsky : « Lucie, ta mère au téléphone. Elle a pas l’air super contente. » Encore une fois, elle se réveillait dans son lit. Pas vraiment que ça lui déplaise, non, elle n’aimait juste pas que… sa mère, par exemple, prenne la peine d’appeler chez lui pour savoir si elle s’y trouvait. Bien sûr qu’elle s’y trouvait. « Elle est jamais, contente !  » Ironie, il connaissait sa mère. C’est même grâce à elle, qu’ils se sont rencontrés. Soucieuse de savoir son fils seul à Paris, la mère du jeune homme avait parlé à une amie à elle qui se trouvait avoir une fille à Paris également. Faite le calcul, ça donne une rencontre, entre ces deux là. Thomas jeta un regard lourd de sens sur le corps de la jeune femme sortant des draps. Encore une fois, la nuit passée avait été plus qu’agréable, mais là n’était pas la question. Et il était en retard. « Elle voulait quoi ?  » « Un numéro de téléphone.  » elle venait de prendre sa tartine… il aurait dû le savoir, depuis le temps. « Tu lui as donné ?  » « Je verrai ça plus tard.  » Il n’allait pas chercher plus loin, ne cherchait jamais vraiment plus si elle ne laissait pas une ouverture disant que ça en valait la peine. « On se voit ce soir ? » banalité d’usage, il n’était même pas sûr d’être disponible « J’peux pas, j’ai rendez vous !  » Il arqua un sourcil, intrigué « Avec le mec d’Internet ? C’est malsain Luce !  » « Et nous, c’est pas malsain peut-être ?!  » Touché. Ils étaient amis, aucun doute là-dessus. Si il devait parler à quelqu’un c’était à elle, sans hésité. Et l’inverse était vérifié. Seulement ils ne disaient pas non à une petite partie de jambes en l’air, de temps à autre, quand le manque se fait sentir. La plupart du temps, c’est sans conséquence, ils savent où ils en sont. Seulement, depuis quelques temps, elle a ce gars, sur Internet, et lui cette fille, Lou, de la comédie musicale. « Tu me tiens au courant ?… et tu claques la porte en sortant !  » Déjà, il avait enfilé son tee-shirt et sa veste, finissait son café sur le tas et se dirigeait vers la porte « Je t’aime !  » « Ouais, moi aussi !  » Si ce n’était pas chez lui, c’était chez elle, et ça finissait toujours de la même façon. Il mettrait sans aucun doute sa vie entre ses mains, en une confiance peut-être trop aveugle. Toujours est-il qu’elle est la seule à connaître véritablement son passé. Son histoire avec son père, cette revanche qu’il veut prendre sur la vie, ce nom, qu’il voudrait attribuer à son visage. Ouais… ils se connaissent bien. Dans tout les sens du terme.