Il faudra bien passer un jour par là... | Cailin

Ca fait maintenant deux semaines que Gwenn est sorti de prison, deux semaines que la vie lui parait… En fait, il n’en sait trop rien. C’est étrange ce sentiment qu’il a. Il devrait prendre ça comme une deuxième chance de retracer sa vie, de A à Z, de comprendre qu’Alainn, bien que ses sentiments soient toujours là et qu’il ne pourrait les effacer du jour au lendemain, n’est peut-être pas la femme qu’il lui faut ; en un an de prison, elle lui a rendu visite une seule fois pour lui présenter ses excuses concernant le fait qu’elle ne l’avait pas cru et ensuite, plus rien. A dire vrai, ça lui reste en travers de la gorge. Gwenn veut bien comprendre que la situation ait été difficile, qu’elle s’en voulait beaucoup, mais il avait besoin de soutien et la seule qui lui en a apporté, qui ne lui a pas tourné le dos, ça a été Lilya qui n’a pas hésité à lui rendre visite toutes les semaines… Plusieurs jours par semaine, même. Elle lui faisait savoir qu’elle le croyait sur toute la ligne, qu’il n’avait pas à lui donner de justification pour prouver son innocence et pour ça, il lui en sera toujours reconnaissant. Ca a été la bouée de secours dans un moment critique de sa vie où, plus le temps passait dans sa cellule, et plus il ne cessait de penser à des idées noires, des envies suicidaires qu’il était prêt à mettre en application, parce que vivre six ans de sa vie enfermé alors qu’il n’était qu’une simple victime ne lui convenait pas.

Et puis, d’une certaine manière, il a aussi eu le soutien de Cailin. C’est dingue de pouvoir penser ça après l’accusation, à tort, qu’elle lui a fait subir, ce mensonge qui a été très loin, jusqu’à l’envoyer dans un trou où, la plupart du temps, il se faisait insulter, rouer de coup pour avoir fait subir à une femme, de la violence que même les prisonniers ne supportent pas. C’est dingue, oui, mais c’est vrai. Après l’avoir vue, à sa sortie, il avait pris la direction de plusieurs ruelles qui ne lui étaient pas inconnues, des ruelles menant à des petites boutiques, dont une librairie. Gwenn avait envie de se changer les idées, mais la vue de ce bouquin en vitrine l’avait rendu tellement fou… Avec ça, cette histoire qui avait fait le tour de la France, son cas était plutôt connu et dès lors que l’on voyait Gwenn dans la rue, c’était pour faire des messes basses. Il y avait deux catégories de gens. Ceux qui croient vraiment à son innocence et ceux qui continuent de penser ce qu’ils veulent, qu’il n’est qu’un violeur et manipulateur en plus de ça. Soit. L’important c’est qu’il connait la vérité, non ? Pourtant, ça reste très blessant d’entendre les personnes autour de lui parler de lui comme d’un monstre.

En entrant dans la librairie, le danseur avait fini par prendre le livre, l’acheter, sans vraiment penser qu’il allait pouvoir le lire dans les heures à venir, mais c’était juste pour se faire comprendre qu’il fallait au moins en savoir le contenu afin de comprendre ce qui s’était passé, la manière dont tout ça s’est déroulé et de répondre à une question… Pourquoi ? C’est vrai, pourquoi lui ? Pourquoi comme ça ? Cailin et lui étaient très proches ! C’était sa petite puce, celle qu’il adorait prendre dans ses bras, celle qu’il aimait observer dormir lorsqu’elle s’endormait dans ses bras pendant qu’ils regardaient un film, elle était une jeune fille avec qui il adorait déconner, qui le faisait rire avec ses maladresses, qui l’attendrissait avec ses petits sourires et les petites fossettes qui se dessinaient au creux de ses joues lorsqu’elle riait ou qu’elle souriait ouvertement, sans timidité. Gwenn pourrait énumérer tellement de choses encore… Au fond, peut-être bien que de son côté, il a fait n’importe quoi aussi. Après tout, Cailin était la petite-sœur d’Alainn. Peut-être n’aurait-il pas du se comporter de manière si rapprochée avec elle ? Il ne sait pas s’il en aurait véritablement capable. Quelque part, il sentait le besoin d’être constamment auprès d’elle et d’être là dès lors qu’elle en avait besoin, pour la protéger, la réconforter. Il suffisait qu’elle lui envoie un message dans lequel elle lui disait que le moral n’était pas au beau fixe que le jeune danseur se rendait chez elle pour la faire sortir un peu. Plus il y pense et plus il se dit que leur relation était plus qu’ambiguë.

A la suite de cet achat, pendant la journée Gwenn avait été bien occupé, mais quand il s’agissait de se poser en soirée, il n’avait pas hésité à le prendre et à en lire quelques pages… Plus les jours passaient et plus son avis à propos de Cailin changeait radicalement. A sa sortie, il la prenait comme une jeune fille qui ne voulait que casser ce qu’il y avait entre lui et sa soeur, l’empêcher de lui demander sa main, l’empêcher de vivre ce qu’ils avaient à vivre et à la fin de la lecture, Gwenn arrivait à lui trouver des excuses face à ses actes, alors que la logique voudrait qu’il la haïsse de toutes ses forces ! Seul problème : il n’y arrivait pas et il ne pense pas y arriver. Encore moins après la lecture des différentes lettres qu’elle a envoyées lors de son séjour en prison. L’homme se rendait compte que même Alainn qui se sentait bien coupable et avec qui il avait passé cinq années de sa vie, ne lui donnait pas autant d’attention.

Il est environ 19 heures lorsque Gwenn quitte les locaux de son nouveau travail. Dans ses mains, il tient le livre de Cailin où il relit quelques passages ; ces derniers temps, il n’arrête pas de revenir sur quelques écrits, lisant des tonnes et des tonnes de fois lorsqu’elle exprime les sentiments qu’elle éprouvait à son égard, lorsqu’elle fait savoir ses regrets face à la situation que ce mensonge avait engendrée. Gwenn est humain et n’a pas pu faire autrement que de se sentir touché. Cailin se sent terriblement coupable, ça se ressent dans sa plume. N’importe quelle personne pourrait le ressentir. Et bien que l’homme lui en veut toujours pour ce qu’elle lui a fait, parce qu’il y avait d’autres solutions de régler le problème - qui n’en était pas vraiment un à ses yeux, puisqu’il ne comptait pas en parler avec Alainn, dans le but de préserver la relation des deux sœurs pour qui il ressentait de forts sentiments - et que cette rancune ne risque pas de partir du jour au lendemain, Gwenn tient tout de même à une chose… Ce pourquoi il se tient, après quinze minutes de marche, devant la porte de la demoiselle. Après avoir soufflé un bon coup, pour se donner du courage, le cœur battant, il ose relâcher d’une main le livre de Cailin qu’il tient bien fort, pour frapper à sa porte. Le face à face n’est pas loin et autant dire qu’il est en train de stresser à mort.

**EN SCENE DEPUIS :** 04/04/2011 **MESSAGES :** 28

Depuis quelques temps, j'étais plutôt staisfaite de moi. Je commençais à retrouver une certaine stabilité. J'avais enfin trouvé un boulot qui me redonnait le sourire et surtout qui m'occupait l'esprit. J'en avais besoin. Je m'occupais des costumes de cette comédie musicale, et ça me faisait réellement du bien. Je pouvais passer des heures le soir sur internet, pour trouver des tissus ou des modèles. Je m'étais même améliorer en dessins, ce qui me permettait d'essayer de créer de nouvelles choses selon mes envies. Ma dernière création était une robe de princesse rouge qui trainait par terre, avec un bustier pailleté. J'étais fière de moi, je l'avoue. J'appréciais le fait de pouvoir faire quelque chose de mes mains qui puisse être joli à regarder. Je sentais que j'avançais. Je recommencai à voir le bon côté des choses. Cette histoire était derrière moi, même si les dégâts étaient encore visibles. J'essayai de repartir, d'apprécier de nouveau la vie et de pouvoir me regarder dans un miroir. Cette dernière année fut compliquée à supporter pour moi, alors que tout était ma faute. Mais maintenant que j'avais plus ou moins réparé mon erreur en avouant que j'avais menti, je voulais repartir à zéro. Je devais d'abord retrouver un équilibr et ensuite, m'occuper d'Alainn qui refusait toujours de me voir. J'avais cru comprendre qu'elle faisait aussi partie d el'aventure en tant que danseuse, et ça ne m'étonnait pas. Elle était une danseuse merveilleuse et j'espèrais au fond de moi qu'elle allait s'en sortir. Je me sentais si inutile par rapport à elle. Je l'avais entraîné dans la drogue, indirectement. Je m'en voulais mais je ne pouvais rien faire. Me connaissant, j'allais encore empirer les choses en voulant aider. Il valait mieux pour une fois, que je m'occupe de moi et moi seule. J'en avais marre de tout foutre en l'air. Je voulais faire quelque chose de bien, pour une fois.

J'étais rentrée depuis pas mal de temps à mon appart, et me retrouver seule dans ce studio me permettait de réfléchir et d'être au calme. Je m'occupais de toute la paperasse qu'on m'avait donné à mon arrivée. Essayant de me retrouver avec tous les personnages de la comédie musicale, je tombai sur la liste des danseurs. Alainn était bien là. Inscrite juste au dessus de .. Gwenn. Ca ne m'étonnait pas non plus. Ils s'étaient rencontrés grâce à la danse, je crois. J'allais donc les croiser souvent si je devais m'occuper d eleurs costumes. Nous étions trois costumiers donc j'avais une chance de les éviter. Voulais-je réellement les éviter ? Je n'en savais trop rien. J'avais encore du mal à lever la tête et avouer que tout était ma faute. J'avais toujours cette petite voix dans ma tête qui me rappelait que si ils en étaient là c'était à cause de moi.. Je n'allais pourtant pas pouvoir fuir ces confrontations éternellement. J'allais devoir affronter leur regard à un moment donné et essayer de réparer le mal que j'avais fait. Je commençais à retrouver le sourire, alors il était peut-être temps que j'aille les voir. Mais je ne savais pas par quoi commençait. Un "je suis désolée" était beaucoup trop banal et il ne voulait plus rien dire à force. J'allais devoir me préparer à ce jour-là, quoi qu'il arrive. J'allais devoir y passer. Je le savais.

Je posa mon ordinateur sur la table basse pour partir me chercher un truc à manger. Je n'avais rien avalé depuis le petit-déjeuner et mon ventre commençait à réclamer. J'attrapa une pomme, puis croqua dedans quand quelqu'un frappa à la porte. Je jeta très vite un oeil à ma tenue. Jean, débardeur. Pas très sexy mais advienne que pourra. Je ne connaissais pas grand monde encore à la comédie musicale. Ca devait probablement être un livreur ou le voisin qui avait encore une fois reçu mon courrier au lieu du sien. Je me dirigea vers la porte d'entrée sans me douter que j'allais me retrouver en face de Gwenn. Lui. Celui pour qui mon coeur battait. Celui qui allait me haïr jusqu'à la fin de mes jours. Celui avec qui j'avais voulu me marier. Mon visage avait changé de couleur. Mon sourire avait laissé place à la peur. Je m'attendais à tout. Une gifle ? Je la méritais. Des cris ? Je les méritais aussi. Pourtant il semblait aussi gêné que moi. Je pris le risque d'ouvrir la bouche la première, après tout c'était moi qui devais m'expliquer. « Gwenn.. Euh.. Rentres, je t'en prie. » Je ne savais absolument pas quoi lui dire. J'avais tout dit dans mes lettres, et dans mon livre. D'ailleurs il le tenait dans les mains. L'avait-il lu ? Je n'en savais rien. Je ne savais aps ce qu'il ressentait à mon égard là tout de suite. Je ne savais pas s'il me haïssait ou s'il me comprenait. Je ne savais pas quoi dire. « J'allais venir te voir tu sais.. Enfin on ne s'est vu qu'à ta sortie de.. Mais j'allais venir te voir.. » Anxieuse. Peureuse. Maladroite. Du Cailin tout craché.

Un instant, Gwenn se demande ce qu’il fait ici, ce qui lui a pris de venir se pointer devant la porte de Cailin. Pour lui dire quoi au final ? Le jeune homme qui savait exactement quoi lui dire au début de son trajet ne sait plus ce qu’il doit dire à présent. Ses pensées s’embrouillent, son cœur ne cesse de battre la chamade, ses mains deviennent moites. Et puis, finalement, il fait un pas à reculons pour s’apprêter à partir, se disant que ce n’est peut-être pas encore le moment. Seulement, la porte s’ouvre juste à ce moment précis et son regard se plante tout droit dans celui de Cailin. Gwenn se sent terriblement mal à l’aise et les mots lui manquent, se perdent, tout se bouscule dans sa tête sans qu’il n’arrive à faire le point afin que tout soit clair. Heureusement, Cailin prend la parole pour lui proposer d’entrer, ce qu’il fait en lui adressant un très faible sourire qui disparaît rapidement. « Salut… » Souffle-t-il, embarrassé. Il a très bien senti qu’elle était tout aussi mal à l’aise que lui, peut-être même plus, étant donné que la situation délicate a été créée par ses soins, involontairement cependant. Il a compris en lisant le livre que toute cette histoire lui avait échappé, qu’elle regrettait tout ça, se sentant coupable, mal dans sa peau… Et puis, au fond, Cailin n’est pas quelqu’un de méchant. C’est juste une personne qui est très maladroite et qui ne prend pas assez de recul face à certains de ses actes ou décisions, comme ce mensonge inventé qui a été plus loin que prévu.

Automatiquement, en entrant dans le studio, il jette un coup d’œil au décor, où elle vit à présent. Ca doit bien la changer de la maison de ses parents dans laquelle elle devait avoir moins de liberté qu’ici, bien qu’elle devait être plus entourée. Lorsqu’il se tourne à nouveau vers Cailin, c’est pour la voir reprendre la parole. Il ne sait pas s’il l’aurait très bien reçu si c’était elle qui serait venue vers lui, si elle aurait fait ce pas qu’il a finalement préféré faire de lui-même. « Pour être honnête, t’as bien fait de ne pas venir. » Gwenn sait bien que ce qu’il dit peut être blessant, mais il sait aussi qu’elle se serait prit la porte si elle avait osé sonner à celle-ci. « J’aurais pas été capable de te recevoir… correctement. » Pendant quelques secondes, il détourne le regard sur le mur d’à côté, puis repose son attention sur la demoiselle. Il voulait souffler, mais a le cœur tellement serré, la gorge noué et ne parlons même pas de son estomac. Gwenn est dans un état, se mettant la pression à lui tout seul. Ce face à face est nettement plus difficile qu’il ne l’aurait pensé. « J’ai lu ton livre… » Reprend-il, en lui montrant l’ouvrage qu’il tient dans les mains. « Si tu savais comme je t’en veux d’avoir fait ça. On aurait très bien pu trouver une solution à ce qui s’était passé Cailin. Je sais pas si tu te rends compte à quel point c’est difficile de marcher dans les rues en entendant les gens chuchoter et te montrer du doigt à longueur de journée pour quelque chose que t’as pas fait… Qu’ils me disent qu’ils soient désolés pour ce qui m’est arrivé ou qu’ils soient dégoûtés, c’est… épuisant. » Avoue l’homme, sans pour autant vouloir enfoncer le clou dans la plaie, mais il a besoin de s’exprimer, de lui dire ce qu’il a sur le cœur, ce qui l’a tant bouffé pendant cette année où il a été enfermé.

Nerveusement, il passe sa main sur sa nuque, puis commence à faire quelques pas dans la pièce ; le sujet qu’il va aborder là est encore plus délicat ; les sentiments que la demoiselle éprouvait pour lui. « J’allais rien dire à Alainn tu sais, pour ce qui s’était passé. Je lui en aurais même pas touché un mot. » La relation des deux sœurs, il y tenait et puis, il y avait autre chose, aussi. Gwenn connaissait que trop bien les réactions d’Alainn et il savait très bien ce qu’elle était capable de faire. Peut-être bien qu’elle aurait fait la gueule, mais elle aurait surtout été capable de lui demander de ne plus venir la voir. La vérité c’est qu’il n’en aurait pas eu la force ; Gwenn tenait vraiment à Cailin, peut-être un peu plus comme un simple frère, en y repensant, mais l’homme s’interdisait d’y penser une seule seconde. « J’ai pas assuré non plus. Je pensais pas que notre relation était aussi ambiguë ! Je voyais pas le mal que je faisais, l’espoir que je te donnais. Enfin, Cailin… ! Tu sais bien que j’avais pas un mauvais fond ! » S’exclame-t-il, en sentant son cœur battre, mais celui-ci lui fait plus de mal que de bien. C’est difficile de revenir sur des évènements passés et qui sont douloureux.

[Désolée du retard, je suis au taf ^^]

**EN SCENE DEPUIS :** 04/04/2011 **MESSAGES :** 28

Je ne savais pas quoi faire ni quoi dire. Je voulais qu'il me comprenne, qu'il arrive à accepter le fait que je n'ai pas assuré. Je le savais. Je m'en voulais tellement pour toute cette histoire. Ca me rongeait de l'intérieur. J'avais passé des nuits entières les yeux ouverts, en me dégoutant moi même. Je n'arrivais plus à me regarder dans un miroir tellement j'avais honte. Toute cette histoire m'avait dépassé. Je voulais juste ne pas me retrouver seule mais j'avais quand même fini par l'être. Et en prime j'avais perdu les deux personnes les plus chères à mon coeur. C'était un doublet gagnant Cailin ! Je n'étais pas douée pour m'exprimer mes sentiments. Je pouvais être impulsive quand j'étais vraiment en colère, mais là Gwenn avait plus de raisons d'être en colère que moi.. Il le confirmait en me rappelant que j'avais bien fait de ne pas venir. J'avais peur d'être confrontée à lui, et j'étais une trouillarde quand il s'agissait d'affronter les problèmes. Je préferais fuir. Oui, fuir était tellement plus facile. « Tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Je suis horrible. J'ai.. j'ai gâché ta vie.. » Je baissai les yeux. Je ne pouvais pas le regarder et voir toute la haine qu'il ressentait pour moi. C'était trop dur. J'avais été son bourreau. Celle qui avait décidé de lui gâcher sa vie. Une année de prison pouvait tout changer. Même si j'ai fini par dire que j'avais menti, beaucoup le croyait coupable. J'en étais sûre. Je ne pouvais pas le supporter. Il ne m'aurait jamais fait de mal. Oh ça jamais. Il était bien trop protecteur avec moi.

Je voulais m'occuper à tout prix. Ne pas avoir à sentir son regard sur moi, mais il était là en face de moi. Je ne pouvais plus fuir. Je devais endosser toutes les repsonsabilités même les plus impardonnables. « Le livre retrace tout le malheur que j'ai crée autour de moi... Il suit la logique des lettres que je t'ai envoyé.. Mais tu les as probablement jeté. C'est normal. » La seule manière que j'avais trouvé pour lui expliquer tout ce que j'avais sur le couer était de lui envoyer des lettres durant son année en prison. Je lui avais alors tout raconté, montré à quel point je m'en voulais et surtout lui expliquer mon geste. Ce n'était pas glorieux de dire un tel mensonge, mais il y avait des raisons derrière et je voulais qu'il les connaisse. Je savais très bien que ça ne me pardonnait en rien. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise qu'il tournait la page. C'était beaucoup plus compliqué que ça, mais je demandais juste à ce qu'il m'écoute. Vu que je n'étais pas allée le voir en prison, j'avais trouvé ce moyen-là même si au fond je savais qu'il ne les avait pas lu. L'entendre dire combien c'est difficile de vivre avec cette étiquette me rend malade. Il n'est pas un violeur. Il ne le sera jamais. Il est tellement doux. Mais ça personne ne le sait. Ils ont juste entendu que j'avais dit qu'il avait abusé de moi, rien de plus. Ils ne cherchaient pas à en savoir plus. Pour eux, l'histoire s'arrêtait là: Gwenn était un violeur. « Je suis tellement désolée Gwenn. Je sais que je t'ai fait du mal. J'ai même gâché une année de ta vie avec ce crime que tu n'as pas commis. Je m'en veux tellement... Tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Tu devrais me haïr à l'heure qu'il est. Je suis désolée.. Je n'ai jamais voulu te faire autant de mal. Je suis désolée.. » Les larmes montaient à mes yeux et je ne cherchai pas à les ravaler. Je voulais qu'il sache que j'étais sincère. Je voulais qu'il sache que toute cette année avait été dure pour moi comme pour lui. J'avais tout foiré je m'en rendais bien compte mais je ne demandais qu'à tout réparer. Une larme coula le long de ma joue. Je n'avais aucune excuse. Je n'avais eu aucun droit de lui faire autant de mal. « J'ai écrit ce livre pour m'excuser. Je voulais que le monde sache que tu n'avais rien fait. Je n'ai été qu'une idiote mais je veux juste.. Je veux juste que tu comprennes tout ce que j'avais en tête mais ça n'excuse rien, je le sais. » Je n'avais aucune chance de rattraper mes larmes. L'image qu'il avait de moi à présent ne devait pas être très glorieuse, je m'en fichais d'apparaitre comme une petite fille pleurnicharde.

« J'ai mal réagi, je m'en rends comtpe maintenant. J'ai eu peur qu'Alainn ne le supporte pas.. Mes.. Ce que je ressentais pour toi.. J'ai eu mal de voir que ce n'était pas réciproque... »

« J'ai cru.. J'ai cru que j'étais bien plus que la petite soeur d'Alainn.. J'ai cru que tu ressentais plus que ce sentiment de protection que tu avais pour moi. J'ai cru que tous les moments qu'on avait passé juste tous les eux avaient un sens pour toi. J'ai cru à tellement de choses pour nous deux, tu sais. Et tout s'est effondré d'un coup quand tu t'es dégagé de moi après le baiser. J'ai eu mal Gwenn. Ca fait mal d'être rejetée par l'homme que l'on aime. »

« Gâché ma vie… » Répète-t-il, en fronçant les sourcils, avec ce petit air qui fait comprendre qu’il est en train de répéter les mots qui viennent d’être prononcés mille fois dans sa tête. C’est vrai qu’avec cet évènement, beaucoup se sont retournés contre lui. Même sa famille ne l’a pas cru une seule seconde lorsqu’il leur a dit n’avoir rien fait. C’était tellement plus facile de croire une jeune fille si innocente que Cailin, avec un visage d’ange, que le croire lui, leur propre fils, un ami proche pour certains, quelqu’un qui a toujours été plus ou moins droit et loyal… Au final, pour quoi ? Pour pas grand-chose, à part pour se rendre compte qu’il y avait vraiment des gens cons sur terre, qui ne méritaient en rien son amitié et qui mentaient à chaque fois qu’ils lui balançaient un petit « je serai toujours là pour toi. » Des conneries, pense-t-il. De belles paroles qui sont seulement là pour faire joli, mais lorsqu’il a eu vraiment besoin de ça, de voir des actes, des preuves comme quoi ils seraient, effectivement, toujours là, Gwenn n’a jamais eu de retour, sauf d’une personne qui est Lilya et qui lui a donné un infime espoir. « Ecoute… » Commence-t-il, en cherchant ses mots. La voir comme ça, devant lui, si sincère, ça ne l’aide pas du tout à la détester. Pourtant, il n’arrête pas de se répéter que Cailin l’a tout de même fichu dans un sacré pétrin, mais c’est plus fort que lui, il faut qu’il éprouve de la compassion. « C’est pas pour t’enfoncer que je suis venu… Je voulais juste discuter, d’accord ? De tout ça… Comme… Les deux adultes que nous sommes. » Aux yeux de tout le monde, Cailin a toujours été la petite fille à protéger, la petite fille qui faisait des gaffes, celle que l’on devait gâter. Aux yeux de Gwenn, et peut-être que son erreur était là, Cailin représentait avant tout une femme. Une femme fragile et qu’il fallait protéger, certes, mais une femme quand même. Avec ses défauts, et ses qualités.

Gwenn se souvient des lettres qu’elle lui a envoyées. Une tous les mois et à chaque fois, il les déchirait une par une, mais son compagnon de cellule les récupérer pour recoller les morceaux afin que, lorsqu’il serait plus calme, il puisse les lire avec un peu de recul. Après tout, peut-être que ces lettres avaient un contenu important ? Et c’était le cas. Cailin avait écrit tout ce qu’elle ressentait, des choses personnelles, tout comme elle en a écrit dans le livre. « Je les ai lues, aussi. Tu sais que si Alainn les lisait, elle te tuerait sur place ? » Dit-il, avec un fin sourire au coin de ses lèvres, afin de mettre une touche d’humour, histoire de mieux faire passer la pilule et de détendre un peu l’ambiance plus que tendue. N’empêche qu’il a raison. Si sa sœur avait vu tout ça, elle aurait fait une crise. Alainn est possessive et aussi jalouse que lui lorsque les sentiments sont présents. Elle a tendance à marquer son territoire, tout comme lui. Et sans le vouloir, sans s’en rendre vraiment compte, c’est ce qu’il a fait de son côté aussi, mais avec sa petite sœur qu’il ne voulait pas voir avec n’importe qui. Lorsque Cailin se faisait draguer, il ne pouvait s’empêcher d’éloigner le type en question qu’il ne trouvait pas net sans même le connaître. Inconsciemment sans doute, il en était peut-être bien jaloux, mais ne se l’avouait pas. Il faut dire aussi qu’en peu de temps, Gwenn s’était bien rapproché d’elle. Il se déplaçait la nuit lorsqu’elle avait un problème, ça lui arrivait même de faire le chauffeur de taxi, ou encore de la sortir des situations impossibles dans lesquelles Cailin se mettaient. Sans s’en rendre compte, l’homme jouait un jeu dangereux.

Alors que la demoiselle lui fait savoir qu’elle se sent coupable, qu’elle s’en veut, Gwenn acquiesce d’un signe de la tête, lui faisant comprendre qu’il sait bien. Ca se remarque bien dans son attitude, dans les paroles qui sortent d’entre ses lèvres, et puis dans ses yeux qui brillent ainsi que les larmes qui sont aux bords de ses yeux. Gwenn n’ose pas la regarder dans les yeux, se sentant terriblement mal. Et puis, il sait que s’il plante à nouveau son regard dans le sien, il va craquer de son côté aussi et il se l’interdit. « C’était pas si terrible que ça. Après tout, j’étais logé, nourri, blanchi… Que désirer de plus ? » Souffle-t-il, en essayant de faire de l’humour, mais au fond, ça se voit que ça a été plus difficile que ça. « Je sais que tu t’en veux, que t’as pas fait ça volontairement, que tout ce qui s’est passé a dépassé ce que tu pouvais imaginer et… J’entends bien tout ça. Mais laisse-moi un peu de temps pour avaler tout ça, tu veux bien ? J’ai besoin de ça. » Demande le jeune homme, alors qu’il remarque la larme rouler sur la joue de Cailin. Ca lui fend le cœur. Il n’a jamais aimé la voir pleurer, ce pourquoi il s’approche d’elle et pose son pouce sur sa joue afin d’effacer la goutte salée qu’il n’aime pas voir sur son visage. Au fond, ça se voit qu’ils souffrent autant l’un que l’autre. D’ailleurs, Cailin le lui fait comprendre en parlant de ses sentiments. Gwenn ne pensait pas que c’était à ce point. Ses yeux se ferment en même temps qu’elle continue son flot de parole. Ca le touche et ça le brise encore plus en même temps. Gwenn est tout simplement paumé et ne sait plus quoi dire, comment répondre à ça. Et puis, finalement, ses lèvres s’entrouvrent pour avouer quelque chose qu’il n’avait encore jamais dit à personne. « Tu étais bien plus que la petite sœur d’Alainn. Je ne sais pas exactement ce que tu représentais, mais tu n’étais pas seulement la petite Cailin dont tout le monde me parlait. Je te considérais comme une femme à part entière ! Un petit bout de femme un peu maladroit et qui me nourrissait sans arrêt au chocolat. » Un faible sourire apparaît à nouveau, pour disparaître aussitôt, comme à chaque fois depuis le début. Et puis, après quelques secondes d’hésitation, Gwenn fait un pas vers Cailin et pose une main sur son épaule afin de l’attirer contre lui, enroulant ses bras autour de sa silhouette, de son petit corps fragile.